Les Cop’s sont descendus dans la rue pour remercier le chef de l’Etat après sa décision d’offrir un ordinateur à chaque étudiant. Une manifestation diversement accueillie dans l’opinion.
S’arrimer aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, numériser l’enseignement. Voilà selon un communiqué du ministre de l’Enseignement supérieur Jacques Fame Ndongo les raisons qui ont amené le président de la République à faire un geste à l’endroit des étudiants. 500.000 ordinateurs au total, soit un pour chaque étudiant qu’il soit dans une université publique ou privée. A cet effet, le Minsup a signé une convention le 27 juillet 2016 avec la société chinoise Sichuan Telecom Construction Engineering Co Ltd, chargée de fournir lesdits ordinateurs. Si on s’arrête à cette explication soutenue dans Jaques Fame Ndongo et ses affidés, on comprend la marche de certains étudiants le 3 août dernier pour dire leur reconnaissance à Paul Biya. Et pourtant…
Comme l’ont notés certains critiques, les universités publiques et privées au Cameroun comptent bien plus de 500.000 étudiants. Aussi, ce que le ministre Fame Ndongo présente comme don ne se fera que pendant l’année scolaire 2016/2017. Autre bémol, les 500.000 ordinateurs coûteront 75 milliards Fcfa, non pas au président de la République, mais au contribuable camerounais. Le fait est que le Cameroun a emprunté 75 milliards Fcfa à la société chinoise pour qu’elle fournisse lesdites machines. En clair, il s’agit tout simplement d’une dette que les étudiants, les plus jeunes travailleront à rembourser dans les années à venir. Célèbre-t-on une dette ? Les étudiants partout ailleurs sont un pouvoir redouté par l’exécutif. Tous les moyens sont donc bons, tant qu’il s’agit de contenir leurs réflexions. Tenez par exemple. Autour de la seule Université de Douala, on compte plus d’une trentaine de débits de boisson et de snack-bars où les étudiants défient Bacchus.
«C’est l’instrumentalisation de la jeunesse par les élites du régime en place. Nous savons que derrière cette marche se cachent les autorités académiques pilotées par le Minesup qui agit sous cape» se désole Serge-Aimé Bikoi, Sociologue à l’Université de Yaoundé I. La liberté de pensée est tout ce qui donne son humanité à une personne.
Valgadine TONGA