C’est l’un des points saillants d’une récente étude sur la faible participation des jeunes camerounais au jeu démocratique.
La politique aux politiciens. C’est l’un des discours de jeunes camerounais qui dénote leur déni de la chose politique. Comment comprendre que cette tranche qui représente plus de 65% de la population soit hors de l’arène politique ? Voilà la principale raison qui a poussé l’organisation de la société civile Un Monde Avenir à commander l’étude sur la «Participation des jeunes aux processus électoraux et à la dynamique démocratique : cas des communes de Douala 1, 2, 3, 4, 5 ». L’enquête menée -cette année- par le consultant chercheur Cerge Nji a touché 1000 jeunes de 18 à 35 ans, catégories sociales confondues. «Je ne sais pas… Je ne trouve pas de projet intéressant… Les candidats n’étaient pas intéressants… » sont les raisons évoquées par la cible pour justifier son abstention aux élections couplées municipales/législatives de 2013. L’élément qui revient surtout c’est la crise de confiance aux politiques. «Beaucoup de jeunes ont souligné le fait qu’ils n’ont jamais rencontré les candidats et pour certains comme Issa Tchiroma, ce n’est qu’à la télévision qu’ils le voient. A Douala 2 et 3, les jeunes disent plus connaître la maire Denise Fampou, Zang Zang et Hervé Emmanuel Nkom», a précisé Cerge Nji lors de la présentation du rapport au public vendredi 12 août 2016 à Douala.
L’initiation à la politique
Pour les échéances de 2018, les jeunes ne prévoient pas revoient leur attitude si rien n’est fait. Après les dénonciations, les jeunes interrogés ont fait des propositions au politique. Sur le plan juridique, les jeunes veulent que l’âge de vote soit ramené à 18 ans, ce qui est d’ailleurs l’âge de la responsabilité pénale au Cameroun. Ils souhaitent une loi sur le quota des jeunes sur les listes des partis politiques aux différentes élections. Le système éducatif devrait aussi accorder plus d’espace à l’éducation civique au primaire, au secondaire, au supérieur. In fine, les jeunes croient apodictique la création d’un cadre juridique pour l’initiation à la politique.
L’étude est un pan du programme d’encadrement des jeunes à la démocratie d’Un Monde Avenir. «Nous avons profité de la célébration de la journée internationale de la jeunesse adoptée il y a à peu près 16 ans maintenant par les Nations unies pour faire le compte rendu de l’enquête, a expliqué le coordonnateur d’Un Monde Avenir Philippe Nanga. L’idée de l’étude était de comprendre pourquoi les jeunes ne sont pas intéressés par les questions politiques, savoir les solutions qu’ils proposent eux-mêmes pour qu’on remédie à la situation. Nous avons invité les partis politiques, les administrations, Elecam (Election’s Cameroon, organe chargé de l’organisation des élections au Cameroun, ndlr) pour qu’ils prennent connaissance de l’étude parce qu’ils doivent être les premiers à l’exploiter.»
Elecam a visiblement jugé anodin de comprendre les sources de démotivation des jeunes, d’où son absence. Le coordonnateur d’Un Monde Avenir a également regretté l’absence du préfet, représentant du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et du ministère de la Jeunesse et de l’Éducation civique. Les partis politiques n’ont pas craché sur l’aubaine. Ont répondu au rendez-vous le Cameroon people party représenté par sa présidente Kah Walla, le Social democratic front, l’Union des populations du Cameroun, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le Mouvement démocratique de conscience nationale.
Valgadine TONGA