Après une décision du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la Fédération des associations générales étudiantes a adressé une correspondance bien acérée au ministre.
Il n’est pas un ministre, encore moins un homme politique. Il n’est même pas universitaire. Alexandre Leroy n’est qu’un étudiant, mais rien ne l’empêche d’exprimer ouvertement sa pensée qui concerne son plus proche entourage, notamment l’enseignement supérieur, la jeunesse, la société. Ses prises de position lui valent bien la place de président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). C’est justement à ce titre qu’il vient d’adresser une correspondance musclée à la ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Objet de la note, «Contrôle continu : Madame la ministre, laissez-nous faire». L’ire de Leroy est causée par la suppression d’un projet sur les contrôles continus. «C’est donc sans prévenir, sans un courrier, sans même un modeste coup de fil que les membres de la communauté universitaire ont appris la semaine dernière l’enterrement du projet d’expérimentation du contrôle continu intégral dans les universités.»
«Mépris des efforts»
Alexandre Leroy juge cette «décision unilatérale et violente du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche» car elle «rompt avec plusieurs mois de dialogues sereins, conduits sur les chantiers ô combien importants que sont l’évaluation et le master. Entre mépris des efforts consentis par les équipes des universités volontaires et défiance envers la capacité de la communauté universitaire à innover en faveur de l’intérêt général, cette décision n’est ni plus ni moins un ‘‘sale coup’’. Réclamée depuis de long mois, l’expérimentation en question visait à permettre à cinq universités de tester une nouvelle manière d’évaluer l’acquisition des compétences des étudiants. Loin d’induire une modification définitive des textes, elle était au contraire destinée à permettre un cadre juridique stable rendant possible l’expérimentation du contrôle continu intégral et produisant les données et chiffres nécessaires à l’évaluation de sa pertinence au regard de plusieurs impératifs.»
Plus tranché, le président de la Fage ponctue, «nous ne vous demandons ni de votre temps, ni même de votre argent madame la ministre. Ce que nous demandons, c’est simplement de nous laisser faire, de laisser s’organiser les forces vives et de leur apporter ce qu’il faut de considération pour créer à leur destination un cadre dans lequel, en respect des priorités et principes de la nation, elles peuvent générer du pouvoir d’agir ! Et ça tombe bien Madame la Ministre : il vous reste sept jours pour rétablir l’ouverture de cette expérimentation du contrôle continu intégral.»
Même si l’issue de la lettre est incertaine, la démarche est louable. Les étudiants camerounais peuvent bien se servir de cette preuve de bravoure. Il n’y a pas que l’association des enseignants d’universités ou des personnels d’appui pour exiger le changement sur leur situation. Les étudiants ont d’ailleurs de gros problèmes, entre notes qui disparaissent, les notes sans noms, les requêtes sans suite… Bien sûr les choses bougeront le jour où les étudiants sauront qu’ils sont une force redoutable qui a aussi son rôle dans la société.
Valgadine TONGA