En date du 14 Février 2021, les réseaux sociaux ont été envahis par une vidéo montrant des éléments de nos forces de défense et de sécurité, en train de soumettre une personne en civil, le dénommé Jean FAI FUNGONG à l’interrogatoire par des méthodes des plus barbares et sauvages qui puissent être. On peut voir dans cette vidéo montrant la scène filmée dans la localité de Ndu, l’homme en civil soupçonné d’avoir des liens avec les groupes armés sécessionnistes (les Ambaboys) subir des coups de machettes sur plusieurs parties du corps (le dos, la plante des pieds, le ventre et les fesses), tout en se faisant arroser par de l’eau. On peut entendre ce qui suit « verse lui l’eau, tu as peur de quoi ? On va le traiter……. Ça c’est le travail de la manœuvre tout à l’heure, tu vas parler, retire ton pantalon…. Ça c’est la manœuvre qu’on fait aux étudiants à Yaoundé non…Tape le sur les pieds, il va confirmerMême si tu meurs ici, on va t’enterrer. On ne connait pas encore s’il est amba ».

Alors même que plusieurs personnes subissent encore le traumatisme de cette énième scène d’horreur venant des zones anglophones, l’on apprend toujours par les réseaux sociaux, l’exécution de quatre (04) chefs traditionnels de la localité de Liebalem, dans le village Essoh-Attah dans la région du sud-ouest. Ceux-ci auraient été exécutés par les groupes armés sécessionnistes qui les accuseraient d’avoir pris part aux dernières élections régionales.

Un Monde Avenir et ses partenaires associatifs notent que ces actes d’une barbarie insoutenable surgissent au moment où l’opinion nationale et internationale commémore la tragédie de NGARBUH où 12 mois plutôt, 22 personnes parmi lesquelles 14 enfants, dont 11 filles et 9 garçons âgés de moins de 5 ans, une mère enceinte et deux femmes qui portaient leurs bébés furent calcinées, pris au piège par des flammes après une attaque des forces de défense et de sécurité. Une scène macabre dont le processus de réparation a abouti à ce jour à la remise d’une modique somme de 3 millions[1] de francs aux différentes familles des victimes.

Un Monde Avenir et ses partenaires associatifs notent que sur la seule année 2020, 1038 cas de violences ont été enregistrés sur l’ensemble du territoire national dont Plus de 1579 personnes tuées.

Le Cameroun est Etat parti à plusieurs instruments internationaux qui protègent les civils en tout temps y compris en zone de conflit armé :

  • La déclaration universelle des droits de l’Homme et des Peuples
  • Le pacte international relatif aux droits civils et politiques

[1] Un des avocats des victimes trouve insultante, la remise de cette somme aux familles des victimes.

  • Principes et directives sur les droits de l’homme et des peuples dans la lutte contre le terrorisme en Afrique
  • Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
  • Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
  • Convention relative aux droits de l’enfant

Commettre des actes de torture, filmer et diffuser dans les réseaux sociaux ne peut, entre autres avoir pour but que de terroriser des populations du Nord-ouest et du Sud-ouest déjà sujettes à des traumatismes divers du fait de cette sale guerre dont les dégâts d’ordre social, culturel, économique et politique risquent d’être difficilement réparables.

Un Monde Avenir et ses partenaires associatifs se réjouissent des sorties promptes du sous-préfet de la localité de Ndu qui a appelé la hiérarchie militaire à prendre des mesures correctives exemplaires à l’endroit des auteurs de ses atrocités et, celle du MINDEF (Ministère de la Défense) reconnaissant les faits et annonçant la mise aux arrêts des personnes incriminées. Ces sorties des autorités administratives et militaires ne rassurent malheureusement pas, eu égard aux expériences passées telles que : le cas du journaliste WAZIZI dont la famille réclame toujours le corps ; les indemnisations des victimes de NGOUACHE ; l’enquête concernant le massacre sauvage de la mère d’enfants ACHIRI Comfort TUMASANG le 13 août 2020 ; le cas du massacre de Kumba du 24 Octobre 2020 au collège Mother Francisca de Kumba dont au moins 8élèves ont perdu la vie. Des cas pour lesquelles les familles de victimes restent toujours en attente des résultats relevant des procès justes et transparents en mémoire des disparus.

L’ONG Un Monde Avenir réitère à l’endroit du Président de la République, garant de la sécurité de l’ensemble des Camerounais, l’urgence de poursuivre le processus de dialogue sous la forme plus large et inclusive d’une Commission Justice Vérité et Réconciliation, voie idoine pour une transition politique pacifique qui garantira, la réconciliation des Camerounais du Nord au Sud, de l’Est à L’Ouest.                                                              

Ampliations :

  • Commission nationale des droits de l’Homme
  • Réseau des défenseurs des droits Humains en Afrique Centrale (REDHAC)
  • Centre pour les droits de l’Homme et la démocratie en Afrique Centrale
  • Commission Africaine des droits de l’Homme et des peuples
  • Conseil des nations unis pour les droits de l’Homme
  • Comité des nations unis contre la torture

                                                                                                    Le coordinateur de l’ONG Un

                                                                                                 Monde Avenir

 

                                                                                                   

                                                                                                Philippe NANGA.