En huit points, le Conseil de l’Union européenne s‘est exprimé sur le grand dialogue organisé au Cameroun du 30 septembre au 04 octobre 2019

Dans un communiqué de presse signé le 14 octobre 2019, l’union Européenne demande au gouvernement de Yaoundé de prendre des mesures plus inclusives dans le processus de gestion  de la crise anglophone. Il  estime que le récent dialogue organisé à Yaoundé  sur convocation du chef  de l’état  lors de son discours à la nation du 10 septembre 2019 n’était « qu’une première opportunité pour  ouvrir des perspectives de sortie durable de la crise.» Dès l’entame, il  salue la décision d’arrêt des poursuites judiciaires devant les tribunaux contre  Maurice Kamto et des sympathisants  de son parti Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) le vendredi 04 octobre 2019 par le président de la République, et celle contre des personnes détenues dans le cadre de la crise anglophone annoncée le 03 octobre 2019. 

Au delà des remerciements, L’Union Européenne confirme que ces mesures sont insuffisantes et  « appelle à la poursuite de ce processus afin de dégager des  réponses aux attentes légitimes des populations tout en  renforçant l’inclusivité de tous les acteurs concernés tant à l’intérieur que de la diaspora, y compris les femmes, les jeunes et la société civile. »Une interpellation qui  vient conforter la position de la société civile du Cameroun  et de certains partis de l’opposition  qui avaient refusé d’y aller car les préalables n’étaient pas respectés.

Ils avaient proposé la mise en place d’une commission technique multi-acteurs, incluant une autorité traditionnelle jouissant d’une neutralité reconnue et disposant d’au moins 50 ans au trône, la tenue d’une session spécifique à la crise dite anglophone, la garantie des conditions de sécurité optimale pour tous les participants avant, pendant et après le dialogue, la proclamation d’un cessez-le-feu préalable dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest avec le retrait des forces armées etc…. mais  le gouvernement s’est obstiné à conduire ce dialogue sans prendre en compte ces propositions.

Aujourd’hui rendu à deux semaines de la tenue du dialogue, où en sommes-nous. Les résolutions sont classées dans les tiroirs comme l’avait prédit certains Camerounais. Les villes voisines continus d’accueillir les déplacés de la crise anglophone,  les élèves prennent des cours assis à même le sol à cause du flux des déplacés,  les exactions sur les populations et les meurtres  poursuivent le cours normal comme ci rien ne s’était passé. Tels sont entre autres les conséquences qui arrivent lorsqu’on décide d’ignorer la voix du peuple.

L’UE  décrit l’aggravation de la crise humanitaire qui pousse davantage de personnes à l’exil. Il se dit préoccupé et condamne avec vigueur la persistance de la violence et le niveau d’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, notamment à l’encontre des populations civiles. Et rappelle « La responsabilité  première des autorités camerounaises dans la protection des populations et la sécurité (…) la lutte contre l’impunité et la réparation pour toutes les victimes doivent également être garantie  »

Tout en réitérant que le recours à la  violence dans ces régions n’apportera pas  de solution, l’UE réaffirme la nécessité pour  l’ensemble des acteurs camerounais de respecter l’état de droit  et de résoudre cette crise de manière pacifique, dans le cadre d’un dialogue inclusif.

 

Aïchetou MAKOUET