Élections municipales en Tunisie: le combat des Ong contre l’abstention
Face aux sentiments de déception, de désespoir, de colère…qui rongent les Tunisiens, le divorce avec la chose politique était consommé. Pour lutter contre un taux élevé d’abstention aux municipales, des Organisations de la société civile et chercheurs se sont échinés à rectifier le tir.
Exit les élections législatives et présidentielle en Tunisie. Le temps était maintenant aux municipales, prévues le 6 mai. Une échéance que redoutaient des acteurs de la société civile tunisienne. Et pour cause, selon le cabinet de sondage Sigma Conseil «61% des Tunisiens sondés début janvier 2018 annonçaient vouloir s’abstenir. ‘‘Les Tunisiens n’ont plus confiance en la classe politique, ils sont plus concernés par leur pouvoir d’achat que par la politique’’» écrivait Jeune Afrique (JA) sur son site internet. Pourtant, 8,5 millions de Tunisiens en âge de voter, étaient attendus aux urnes pour élire les 7 280 conseillers municipaux des 350 communes que compte le pays. L’appel au réveil citoyen a été la carte des Ong et des chercheurs.
Le Centre de recherches et de documentation sur les femmes avait sa cible toute faite, les femmes. «Nous leur distribuons des tracts, renseigne à JA la journaliste Maryam Chahid, membre de ce centre. Sur le verso, il faut qu’elles cochent ce qui les énerve au quotidien, comme l’état de la voie publique, ou le fait de toujours devoir attendre dans les établissements administratifs. Ensuite, elles retournent la feuille, et au recto est inscrit notre message : Le 6 mai, exprime-toi! Nombreuses sont les électrices à nous faire part de leurs inquiétudes sur les maternelles publiques et privées, ou à nous dire qu’elles sont lassées des cafés d’hommes sur les trottoirs.». Entre temps, la Ligue des tunisiennes électrices organisait des «cafés citoyens» pour inciter à travers les discours, les femmes à l’exercice du droit de vote.
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) avait quant à elle sa méthode pour parler aux jeunes : un jeu vidéo. «Pour toucher les jeunes, l’ISIE a lancé un jeu vidéo, Run2vote. Les joueurs doivent y collecter la carte d’identité nationale, le bulletin de vote, l’isoloir et l’urne, et peut y lire des messages de rappel concernant les procédures de vote. Un outil de communication qui, bien que cosmétique face à l’ampleur de l’abstention attendue, montre tout de même la volonté de l’ISIE de parler aux jeunes électeurs, catégorie particulièrement concernée par l’abstention», indique JA. Membre de l’instance, Riadh Bouhouchi affirme d’ailleurs à JA : « Nous envoyons beaucoup de SMS de sensibilisation, à tel point que les gens n’en peuvent plus de nous. L’ISIE travaille sur l’utilisation des technologies afin d’atteindre cette population ». Plusieurs chercheurs et Ong ont mis le pied à l’étrier. Résultat des courses, «les indépendants, issus principalement de la frange la plus active de la société civile, souvent, par le biais de collectifs associatifs, qui, classés premiers, ont raflé un total cumulé de 32,9 % des sièges, score qui traduirait un désaveu des citoyens envers la classe politique», analyse le site.
Valgadine TONGA
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