L’assassinat sauvage de la gardienne de prison Florence Ayafor le 29 septembre 2019 à Pinyn dans la région du Nord Ouest, a montré aux yeux du monde entier une autre face hideuse de la guerre qui sévit dans les régions anglophones depuis bientôt trois ans. Dans une déclaration signée le 10 octobre 2019, Un monde avenir et ses partenaires associatifs dénoncent ces méthodes barbares et appellent les Parlementaires à prendre leurs responsabilités en ouvrant une enquête parlementaire, de même que l’ONG reste convaincue que c’est un véritable dialogue franc et sincère qui sortira le pays de cette spirale.
Ci dessous l’intégralité de la déclaration
Déclaration de Un Monde Avenir suite aux horreurs de la crise anglophone
Et particulièrement l’assassinat de Florence AYAFOR
Depuis le début de la crise anglophone, notamment le déclenchement de la phase armée en novembre 2017, les exactions et les assassinats barbares sont monnaie courante dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Les tueries ont souvent été d’une horreur indescriptible, précédées des tortures les plus barbares. Les victimes sont répertoriées aussi bien du côté des personnes civiles, que du côté des forces de défenses de l’armée camerounaise.
Le dernier cas d’atrocité en date est celui de la gardienne de prison à Bamenda Florence AYAFOR, dont la vidéo de la décapitation sauvage circule dans les réseaux sociaux depuis le 30 septembre. La scène se déroule à Pinying, un village situé dans le Nord-Ouest. Cette scène horrible s’est déroulée ainsi non loin de là où près d’une trentaine de jeunes ont été exécutés sommairement le 25 mai 2018 dans un hôtel.
Suite à ce énième assassinat, la directrice du Réseau des Défenseurs des droits de l’Homme en Afrique Centrale (REDHAC) a fait un communiqué en ces termes :
« Lorsque que la gendarme femme enceinte a été décapitée au NOSO, lorsque un jeune séminariste de l’église catholique a été assassiné, le REDHAC avait clairement demandé au gouvernement de ne pas minimiser la crise sociopolitique dans ces régions, ensuite l’avait appelé à prendre les mesures adéquates pour empêcher les griots intégraux à attiser la situation et lui avait recommandé d’accepter qu’une mission indépendante internationale d’établissement des faits composée de la CADHP, des Nations Unies et de la société civile séjourne dans ces 2 régions pour besoin d’efficacité dans la recherche des solutions. Comme toujours, rien n’a été réellement fait (…) justice pour florence ; c’est une femme de trop qui a subi ces atrocités comme on sait le faire lors des conflits ou des guerres. Ce genre de pratiques malsaines, lâches et barbares concourent souvent à humilier les femmes, à les traumatiser afin qu’elles se taisent à jamais. Ce sont des techniques bien connues, (….) le gouvernement doit impérativement laisser cette Commission venir dans notre pays pour qu’un rapport soit rendu public et que les Camerounaises et les Camerounais sachent qui joue quel rôle dans ces décapitations. Sinon, les boucs émissaires seront toujours arrêtés ou abattus, et les commanditaires trouveront d’autres exécutants pour faire le boulot. Il y va de la redevabilité des actions du gouvernement du Cameroun vis-à-vis des citoyens qui ont le droit d’être protégé. C’est comme cela qu’on pourra rendre de la belle manière justice à Florence et à tous les autres. »
L’ONG Un Monde Avenir et ses partenaires associatifs condamnent cet acte odieux de trop, s’alignent sans réserve et soutient les propos ci-dessus de la directrice exécutive du REDHAC,
Dans l’attente d’une mission externe, l’ONG Un Monde Avenir appelle le parlement du Cameroun au regard du droit que lui confère la constitution, notamment l’ARTICLE 35:(1) « Le Parlement contrôle l’action gouvernementale par voie des questions orales ou écrites et par la constitution des commissions d’enquêtes sur des objets déterminés » à mettre en place une commission d’enquête parlementaire qui permettra d’auditionner les acteurs directs en charge de la protection des civiles et du territoire national.
L’ONG Un Monde Avenir et ses partenaires associatifs appellent le président de la république à :
Faciliter la mise sur pied et la descente d’une mission indépendante internationale d’établissement des faits.
Poursuivre les mesures de décrispations en décrétant une amnistie générale pour toutes les personnes détenues et/ou poursuivies dans le cadre de la crise dans les régions anglophones, en libérant tous les prisonniers du conflit post électoral.
Mettre en place un véritable espace de dialogue inclusif, couplé à une commission vérité justice et réconciliation qui constituera, un grand moment de palabre à l’Africaine, avec pour but ultime la reconstruction de la NATION Camerounaise.
Fait à Douala le 10 octobre 2019
Philippe NANGA