Un Monde Avenir a tenu le 3 Mars 2018 sa onzième Assemblée générale.
Cette rencontre statuaire intervient dans un contexte sociétal qui fait planer sur notre pays une grave incertitude quant à sa sécurité et surtout à la pérennité du vivre ensemble de ses populations.
Sécurité et vivre ensemble désormais profondément perturbés dans le Septentrion par Boko Haram, les coupeurs de routes, et les preneurs d’otages ; dans le Nord Ouest et le Sud Ouest par d’atroces et ou mortelles souffrances des populations prises entre l’enclume d’une minorité sécessionniste, et le marteau de la répression gouvernementale ; dans l’Est par des rebelles centrafricains qui terrorisent et pillent les populations locales ; et de manière générale, dans l’ensemble du pays marqué par des revendications socio professionnelles (enseignants, infirmiers et personnels technico médio sanitaires, syndicalistes) de même que les manifestations des activistes pro démocratiques réprimées dans la violence.
Cette incertitude est portée à son apogée en 2018 par le fait que des élections vont être organisées dans des conditions telles qu’elles ne seront ni accessibles à tous, en raison de l’insécurité générale, ni justes, ni transparentes en raison des règles non consensuelles ; et seront porteuses des germes de conflits post électoraux.
Toutes ces situations tragiques induites en amont par l’inconséquence de la gouvernance actuelle du pays, entrainent en aval une profonde instabilité sociale, et un effondrement du système économique national qui aggrave la pauvreté déjà insoutenable des populations.
A cette problématique infernale, le gouvernement semble répondre par le refus absolu de tout dialogue, et par le mépris à l’égard de la nation.
Un Monde Avenir dont la vocation est de contribuer au renforcement du bien être des Camerounais à travers le contrôle citoyen de l’action publique ne peut rester indifférent au regard de l’attitude des pouvoirs publics teintée d’indifférence et d’insouciance face à la spirale de la souffrance d’un peuple qui a plus que de besoin d’un potentiel exigé par un bien être optimal.
Un Monde Avenir s’insurge par conséquent, contre ce qui apparait comme un mépris, sinon une défiance du pouvoir à l’égard du peuple camerounais à travers son opposition permanente à toutes les exigences démocratiques citoyennes; telles que le code électoral consensuel ou le dialogue inclusif, pour résoudre les problèmes du pays ; etc…
Un Monde Avenir prend à son compte les revendications sociopolitiques ou sociaux professionnelles exprimées, hier et aujourd’hui, par les populations camerounaises et auxquelles le pouvoir oppose une fin de non-recevoir, et réitère au gouvernement, la demande pressante d’un dialogue national inclusif, afin de résoudre la crise dite « anglophone » en particulier, et toutes les crises sociopolitiques ou professionnelles ouvertes ou latentes, qui menacent la stabilité nationale, y compris la question de la forme de l’Etat.
Un Monde Avenir reconnait à juste titre, les efforts que fait le gouvernement pour résoudre le douloureux problème du « Boko Haram » qui paralyse la région de l’Extrême-Nord avec des effets collatéraux sur tout le septentrion.
Toutefois, il attire l’attention de l’Autorité publique sur la nécessité de concilier la lutte contre cette secte, avec le respect des Droits de l’Homme tels que définis et protégés par les instruments des Nations Unies et de l’Union Africaine dont notre pays est partie.
A cet effet, Un Monde Avenir suggère au Gouvernement et au Parlement une relecture de la loi en vigueur contre le terrorisme, en vue d’en expurger les clauses attentatoires à la liberté d’expression et au Code de procédure pénal du Cameroun relativement à « l’Habeas Corpus ».
Un Monde Avenir note pour la condamner, l’organisation en cours des élections sénatoriales frappées d’illégalité en raison de son collège électorale parcellaire, par rapport à la loi électorale en vigueur et à la constitution.
Il attire respectueusement l’attention du gouvernement sur les risques de conflits que comporte l’organisation des élections prévues en 2018 avec un code électoral non consensuel, et porteur de germes d’irrégularités et de fraudes, surtout dans un contexte d’insécurité qui peut favoriser la tentation sécessionniste dans les régions du Sud et Nord-Ouest.
Un Monde Avenir exprime l’espoir que, fidèle à son vœu d’être retenu par l’Histoire « … comme l’homme qui a apporté la démocratie au camerounais », le Président de la République prendra en compte les préoccupations ainsi exprimées, et y répondra par toute décision possible permettant au peuple camerounais de se concilier autour d’un processus électoral consensuel, et en même temps ou préalablement, de retrouver un vivre ensemble dans une cohésion nationale paisible.
Sous réserve de ce qui précède, Un Monde Avenir appelle les Citoyens et les organisations pro démocratiques à se mobiliser davantage dans l’unité afin de préserver les rares acquis démocratiques (liberté d’expression, liberté d’association et de réunions publiques, liberté de manifestation pacifique, liberté syndicale, etc.) des années 1990/2000 systématiquement remis en cause sous divers prétextes politico partisans.
Un Monde Avenir continuera à construire et former des Citoyens conscients de leur rôle dans l’amélioration de la gouvernance dans une société démocratique.
Fait à Douala, le 03 Mars 2018
Pour l’Assemblée Générale
Le Coordinateur