Monde Avenir sur les violations récurrentes des libertés publiques.

Le 20 juillet 2018, les militants du parti politique dénommé Cameroon People’s Party (CPP) qui travaillent dans la permanence du parti à Bali-Douala, y ont été interdits d’accès à leur arrivée le matin aux environs de 7h30. Des forces de police avaient envahi les alentours du siège, bloqué les issues qui y mènent et installé deux éléments devant le portail pour empêcher d’y entrer ou d’en sortir.

Dans la même matinée, des scellés ont été apposés sur le portail ainsi gardé, assortis d’une note d’interdiction signée et datée de la veille par le sous-préfet de Douala 1er, et ainsi libellée :

« Est et demeure strictement interdite, la tenue d’une conférence de presse projetée pour le 20 juillet 2018 au siège du CPP à Bali, arrondissement de Douala 1er par le Père Lado et M. Kuissu Mephou Gérard du Mouvement dénommé Cameroon Patriotic Diaspora (CPD) pour défaut de déclaration de ladite conférence par les organisateurs dans les services compétents. »

D’après une alerte lancée par le Secrétaire général du Cpp par la suite, cet embastillement est survenu « le jour où le *Mouvement Stand Up For Cameroon* et la *Cameroon Patriotic Diaspora* entendaient annoncer leur alliance et s’exprimer sur la présidentielle et la crise anglophone. »

Il y a quelques semaines déjà, le même sous-préfet de Douala 1er déclarait « strictement interdite » la tenue d’une réunion des leaders politiques convoquée par le Mouvement démocratique de conscience nationale (MODECNA), en vue de « la mutualisation des forces pour les élections », soi-disant, « pour risques réels de trouble à l’ordre public du fait de la présence de certains invités qui se disputent le leadership de leur formation politique » 

Il en ait de même de la réunion de travail du conseil municipal de Yabassi élargie aux chefs traditionnels prévu le 28 juillet 2018 dans la salle des actes de la dite mairie, qui a vu son interdiction par le sous-préfet de Yabassi.

 Il devient ainsi récurent que les sous-préfets des arrondissements urbains et ruraux, comme s’ils lisaient dans une boule de cristal, travestissent le régime de « déclaration » en régime de « présomption de troubles à l’ordre public», apparemment aux fins de paralyser les activités des partis politiques d’opposition et des organisations de la société civile.

Ce faisant, ces chefs de terre piétinent l’esprit de la loi sur les associations qui veut que la déclaration de l’activité permette à l’autorité administrative, non pas de la réprimer, mais d’assurer la sécurité environnementale de la mise en œuvre, étant donné que le responsable du parti ou de l’association en assure la police interne.

L’ONG Un Monde Avenir et ses partenaires associatifs notent pour s’en inquiéter, que ces actes répétitifs tendent à consacrer la violation permanente des droits et libertés des citoyens Camerounais en normes de gouvernance. Car, de manière générale, et dans les 3 cas sus évoqués, le CPP, le MODECNA comme la mairie de Yabassi sont des partis politiques et institution régulièrement constitués et légalisés, qui ne sont pas astreints à une déclaration des manifestations se tenant dans leur siège.

Un Monde Avenir et ses partenaires associatifs rappellent que les libertés publiques, dont font partie la liberté d’expression, la liberté de concertation, la concurrence politique (électorale notamment), et le droit à l’information du citoyen… sont protégées dans notre pays par la loi constitutionnelle largement inspirée dans son préambule par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme des Nations unies dont le Cameroun est membre.

Que par conséquent, si le Cameroun est un pays démocratique, il ne saurait empêcher la tenue de rencontres au cours desquelles des organisations non clandestines entendent nouer ou annoncer une alliance, ou encore donner leur point de vue sur la tenue d’une élection présidentielle.

Un Monde Avenir et ses partenaires associatifs attirent la haute attention du Chef de l’Etat camerounais, sur le fait que la grave dérive violatrice des droits humains (déni de concurrence politique, iniquité de processus électoral, atteintes impunies à la dignité humaine et aux libertés publiques, aggravées par la substitution de l’autorité administrative à l’ordre judiciaire), est constitutive de dénie, par rapport au préambule de notre Constitution qui stipule que : « Le peuple camerounais affirme son attachement aux libertés fondamentales inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, la Charte des Nations unies, la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, et toutes les conventions internationales y relatives et dûment ratifiées »

L’ONG Un Monde Avenir et ses partenaires associatifs engagent le Gouvernement à respecter les dispositions contenues dans ces divers instruments, et spécialement  celles de la Charte africaine de la Démocratie, des Élections et de la Gouvernance (CADEG) qui stipule dans son article 3, alinéa 11 que « les Etats s’engagent pour le renforcement du pluralisme politique, notamment par la reconnaissance du rôle, des droits et des obligations des partis politiques légalement constitués, y compris les partis politiques d’opposition qui doivent bénéficier d’un statut sous la loi nationale

L’ONG Un Monde Avenir note pour le regretter que 27 ans après le retour du pluralisme politique au Cameroun, les autorités publiques n’aient pas encore intégré la culture de la libre expression des idées, comme indiqué dans le préambule précité, en ces termes ; « La liberté de communication, la liberté d’expression, la liberté de presse, la liberté de réunion, la liberté d’association, la liberté syndicale et le droit de grève sont garantis dans les conditions fixées par la loi. »

Il semble difficile dans ces circonstances de ne pas penser que ces autorités publiques travaillent à contre courant du processus démocratique, quand ils dénient aux militants de l’opposition le droit de penser et d’agir différemment de ceux du parti au pouvoir, et celui d’organiser et conduire librement les activités relevant de leur objet social en pleine période électorale.

L’ONG Un Monde et ses partenaires associatifs dénoncent ces agissements anti –démocratiques et antirépublicains qui tendent impunément à devenir coutumiers, et invitent le Président de la République, garant du respect de la constitution, à user de toute son autorité pour mettre fin aux dérives négationnistes de l’image de notre pays sur les questions d’Etat de droit.

 le Coordonnateur

Philippe NANGA