Venus assister à une déclaration conjointe sur la situation chaotique que vit le Cameroun en ce moment, Prosper Nkou Nvondo (UNIVERS), Edith Kahbang Walla (CPP), Ndema Nsame (UPC des Fidèles) et Me SIMH (MRC) vont être interdit d’accès au siège du MRC sis au lieu-dit Dispensaire Odza par une escouade de policiers.
L’interdiction demandée par le Sous-préfet Locko Motassi portait selon lui sur une manifestation publique qui n’a pas reçu l’autorisation de l’autorité administrative. Faux ! rétorquera Kah Walla lors de l’échange avec ce dernier. La présidente du CPP demandera explicitement à Locko Motassi de lui expliquer comment une réunion à l’intérieur d’un siège de parti politique devrait recueillir l’assentiment d’une autorité administrative.
Dans un langage de sourds, tous les policiers bien en faction tant à l’entrée du siège du MRC qu’à la sortie arboraient ainsi des tenues sans macarons alors qu’une note du Délégué à la sureté nationale le leur intime l’ordre. La préméditation des actes qu’ils allaient ainsi posés se préparaient en coulisse. Viendra alors la prise de parole du représentant de l’UPC des fidèles qui sera écouté longuement par l’ensemble des hommes de médias présents. Il va ainsi dans ses propos dérouler l’« APPEL A LA RESISTANCE DEMOCRATIQUE ET REPUBLICAINE ».
Série de constat amer d’une République décevante depuis une cinquantaine d’année, la déclaration du leader de l’opposition va se conclure par « Soyons debout pour le Cameroun ». Un appel introductif qui permettra de connaitre le déroulé des prochaines actions. Ainsi les quatre partis de l’opposition demande à la population de :
1. S’habiller en noir le Vendredi 01 Avril 2016 en signe de protestation. Une couleur qui devra symboliser l’exigence de la livraison de services de bases tels que l’eau, l’électricité, la santé, etc.
2. Participer du Vendredi 01 Avril 2016 au Dimanche 03 Avril 2016 au weekend de prière pour le Cameroun car il faut prier pour le Cameroun, pour une transition politique pacifique et bénéfique au Peuple camerounais
3. Se préparer pour la grande mobilisation pour une action de protestation massive et non-violente à la semaine du 04 au 09 Avril 2016
Pour la diaspora camerounaise, le projet « Stand For Cameroon » demande de :
1. participer à la mise en œuvre en s’habillant en noir ce vendredi 01 et poster une photo sur internet. Priez pour le Cameroun et pour ses fils et filles qui luttent pour la liberté.
2. Soutenez les actions sur le terrain
En attendant la manifestation concrète sur le terrain de cette initiative, la grande majorité des personnes arrêtées par la police dans le cadre de cette manifestation ont été libérées.
Odeur de Fin de règne
Les Camerounais dans leur grande majorité ne semblent plus apprécier la présence du Président Paul Biya à la tête du Cameroun. En prenant un pouls général, les réactions tant dans les médias privés que publics, la perception des Camerounais de la gouvernance actuelle est un réel manque de solutions qui ressort des dirigeants actuels. La solution ne pouvant plus venir des urnes au regard des tripatouillages « sauvages » qu’ont enregistrent à chaque élections y compris au sein du RDPC, ni de la classe politico-administrative du Cameroun, seule une révolution de la population comme dans certains pays pourrait délivrer. Les prémices de celle-ci se sont déjà vues à plusieurs reprises dans des villes camerounaises.
A Maga, Wum et au quartier Mokolo à Yaoundé, les jeunes sont ainsi prêts à tout pour faire entendre leur voix devant ce qu’ils appellent « injustice sociale ». Une situation fortement entretenue par un système de gouvernance qui verrouille l’éclosion de la jeunesse. Que préconise-t-on si la rue décide enfin de converger vers Etoudi ?
Une forte odeur de révision constitutionnelle qui pourrait aboutir à une élection présidentielle plane sur le Cameroun depuis des mois. A la manœuvre de cette artifice, plusieurs appels à candidature pour un énième mandat du Président Paul Biya lancé par le ghotta politico-administratif camerounais. Se succédant dans un « banditisme politique » comme l’appelle si bien Alice Sadio, Présidente de l’AFP, organisé dans des meetings politiques sous forme de manifestation autorisée par l’administration au mépris des précautions d’une loi antiterroriste à tête chercheuse, le constat d’un ras-le-bol d’une population meurtrie par un système en panne de solution extériorise ainsi son mécontentement.
Mais, si à petits pas, certains partis de l’opposition grappillent des parts de voix au sein d’une population « obèse » d’une représentativité du RDPC, le danger d’une élection « fracassante » du Président Paul Biya n’est pas encore signalé. Majestueusement préparé à briguer « advitam etaernam » un poste de Chef de l’Etat proche de la royauté, le Président Paul Biya ne donne jusqu’ici aucun signe de libération. Au contraire, ses actes tendent à renforcer une administration territoriale qui devra user de tous les moyens légaux et illégaux pour conforter son pouvoir et sa victoire. Avec tout cela, s’achemine-t-on vers le réveil de la rue ?
Kah Walla, Prosper Nkou Nvondo, Ndema Nsame, Sosthene Medard Lipot, Alain Fogue et Okala Ebode ont peut-être ouvert la brèche lors de leur résistance civique face aux forces de l’ordre. Dans les échanges, la perception du nationalisme de l’armée et des forces de l’ordre diversement interprétée par les protagonistes ne semblent pas encore converger vers une armée au service du peuple. Mais à doses homéopathiques, les manifestations orchestrées depuis lors fragilisent de plus en plus les acteurs sur le terrain qui comprennent qu’un acte posé est individuel malgré l’ordre donné.
Une épée de Damoclès
Le ciel s’assombrit de plus en plus au Cameroun et le jeu démocratique ou pas ouvert pour remplacer Paul Biya se précise. Le vieux monarque à la tête d’un Etat dit Démocratique depuis plus de 34 ans aura ainsi fait circuler dans la mémoire collective de ses « hommes du sérail » qu’il avait l’assentiment divine et que le tour des régions et l’adoubement de certains chefs traditionnels lui conférait une longévité immortelle de son pouvoir.
A toute les échelles de la société, les récriminations de la population ne trouvent oreilles attentives ni même règlement partiel. L’affaire Koumatekel Monique encore fraîche dans les mémoires qui dévoilaient ainsi le mal-être d’un système de santé pourri par le racket et la négligence médicale
D’après certaines sources, la fermeture des sessions de nos parlements font circuler l’information selon laquelle même sans le consentement du Président de la république quelques « zélés » pourraient demander d’introduire la modification de la constitution tant scandé dans des meetings du RDPC. Mais se butant dans la légalité « supranationale » avec la ratification en Février 2012 de la Charte Africaine de la Démocratie, des Élections et de la bonne Gouvernance (CADEG) de l’Union Africaine qui stipule à son article 10 Alinéa 2 que « Les Etats parties doivent s’assurer que le processus d’amendement ou de révision de leur Constitution repose sur un consensus national comportant, le cas échéant, le recours au referendum », il est clair que le folklore souvent vu dans ses « augustes » chambres ne pourraient plus faire passer des lois « liberticides ».
D’après les éclaircissements d’un constitutionnaliste, « les protocoles et ratifications qui engagent les Etats sur le plan international ont prééminence sur les textes nationaux ». Donc à en croire ce dernier, le Cameroun en ratifiant la charte en 2012 ne veut modifier la constitution par la voie des parlements car d’après les termes du texte, seul un referendum pourrait légitimer cette modification.
A l’affût de la moindre faille, le RDPC et sa machine administrative « scrute » désormais le ciel pour y trouver l’indice d’une perpétuation au pouvoir. Dans l’expectative d’un changement de régime où le jeu politique confiné dans des élections généralisées transparentes ne leur donne aucune garantie de conservation des acquis, l’inquiétude est énorme car dans de nombreux pays qui s’y ressemblent, le revers d’un changement de volonté du peuple a fait beaucoup de victimes.
© Camer.be : Yannick Ebosse